Creuser son propre sillon
Gare de Riom, c'est ici que je descends.
Quand la ville hurle, la campagne chuchote et c'est bien ça que je suis venu écouter.
Alors voilà, 9h00 du matin, j'enfile les gants.
Les premières routes départementales, puis les premiers chemins, des rivières, un cours d'eau, des vaches, le chant des pistes comme disait l'autre.
Les pensées se mettent dans l'ordre et s'évaporent pour laisser les pédales dicter la cadence.
Clic, clic, clac,...ti,ti,ti... Problème avec le dérailleur arrière, les vitesses ne s'enclenchent plus. Je ne comprends pas d'où ça vient. Bloqué sur le petit pignon, impossible d'arriver à bout de ces petits cols.
Obligé de pousser le vélo pour le moment...
Quelques minutes passent et un tracteur me dépasse. Le conducteur semble curieux et m'observe très intrigué.
Il s'arrête et me demande ce qui m'arrive.
Je lui explique et me propose finalement de m'approcher jusqu'à Saint Gervais d'Auvergne.
J'enfourche le vélo, et (clac), me retrouve dans le tracteur au côté de Jeanot, 74 ans.
- T'vas où?
- Evaux, dans la Creuse
- Bon Dieu, t'es vernis, j'y vais aussi. J'ai des vaches là-bas et un tracteur à ramener alors un collègue doit m'y amener. P't-être bien qu'il peut t’avancer avec ton vélo.
On roule lentement et on fait connaissance,
il me parle de ses enfants, de ses voyages sur d'autres continents.
Et puis il dira cette phrase : "La vie, tu la subis à 90%"…
Un peu plus tard, me voilà compressé dans une voiture avec deux 'anciens' du pays à traverser les routes sinueuses à la frontière entre l'Allier et la Creuse. Mon nez attrape dans l'air des parfums d'eau-de-vie alors que les sujets de discussion s'envolent sur la religion, les vaches, les guerres et les 'bonnes' femmes. Ils se gueulent dessus, ils ne pensent pas toujours pareil mais ils se respectent et s'entraident.
Au pied d'une éolienne, au milieu des champs de vaches, nos chemins se séparent.
Direction Evaux, en descente !